Accueil > Actualités > Portrait : Céline Briand, patron-mécanicien au pilotage maritime de La (...)

Actualités 19 juillet 2019

Portrait : Céline Briand, patron-mécanicien au pilotage maritime de La Rochelle

Exception rochelaise, l’équipe des 7 patrons mécaniciens du Grand Port Maritime compte depuis 7 ans une femme dans ses rangs : Céline Briand. Portrait réalisé par Leslie Widmann, Odyssée Développement La Rochelle.

La station de pilotage maritime de La Rochelle compte 8 pilotes, 7 patrons-mécaniciens en charge des bateaux et 3 pilotines de 12 à 14 m pour un service 24h/24, 365 jours par an. Le pilotage maritime occupe pour les ports une fonction proche de celle des aiguilleurs du ciel pour les aéroports. Ce sont les pilotes qui permettent les arrivées et départs des navires dans les ports de commerce, garantissant la sécurité des personnes, des installations, des marchandises, des navires et par cela, la sécurité environnementale du site portuaire et de ses abords. Or le pilote maritime est conduit à bord du navire à guider par une pilotine dont la conduite et la responsabilité sont confiées à un patron-mécanicien. Exception rochelaise, l’équipe des 7 patrons-mécaniciens du Grand Port Maritime compte, depuis 7 ans, une femme dans ses rangs.

Céline Briand a intégré l’équipe après avoir passé ses diplômes (Certificat d’Initiation Nautique - Capitaine 200 et mécanicien 750 kw) au Lycée Régional Maritime et Aquacole de La Rochelle et avoir validé ses titres de navigation par 4 saisons au sein de la société rochelaise Inter-Iles. D’abord remplaçante, elle a pérennisé son emploi parmi les marins de la station de pilotage de La Rochelle par un CDI et pris pleinement sa place, enchaînant comme ses collègues masculins des périodes de travail au rythme de 12 h de jour suivies de 24 h de repos puis 12 h de nuit et ceci pendant 3 semaines. Particularité rochelaise, le patron-mécanicien est seul à la barre et à la manœuvre de la pilotine. Pas d’exception pour Céline qui fait ce métier en en appréciant les atouts et en s’accommodant des contraintes, consciente que pour un marin « être à terre chez soi tous les soirs, est un luxe ». Comment une parisienne d’origine, qui a grandi dans le Vexin et les Yvelines devient-elle marin professionnel à La Rochelle ? Elle s’amuse de cette question et explique que c’est un « coup de chance » pour ne pas s’appesantir, par pudeur, sur d’autres aléas.

Crédit photo : Thierry Rambaud

D’une brasserie au Gabut à marin-mécanicien

Le projet maritime de Céline était d’abord lié au voyage, à bord d’un voilier familial (Océanis 44) qui aurait dû aller frayer du côté des côtes brésiliennes...
C’est dans le Vieux Port de La Rochelle qu’il sera amarré quelques années, puis aux Minimes, tandis que Céline gère pendant 5 ans une brasserie au Gabut qu’elle revendra en se posant la question du choix d’un métier qu’elle pourrait exercer dans d’autres pays, au gré du voyage prévu en bateau. Marin... De la voile plaisir à la formation pro, il n’y a finalement pas un grand pas à franchir, surtout à La Rochelle, ville qui propose à la fois l’initiation, la formation et l’expérience professionnelle. La voici devenue marin et mécanicien. Son travail implique la conduite du navire (la pilotine), y compris par mer difficile et météo forte (sortie jusqu’à 63 nœuds à l’anémomètre de la station, soit environ 120 km/h), les manœuvres de quai (approche, maintien statique, amarrage...), mais aussi l’entretien-réparation (lors des périodes d’astreinte).

Arméria 014
La station s’est dotée d’une nouvelle pilotine de 13,60 m, construite au chantier Bernard. Elle concentre de nombreux éléments d’amélioration avec sa cabine posée sur suspensions (silent block) pour en diminuer le bruit, ses caméras pour le pont arrière et sa motorisation Caterpillar (500 cv) – 2 moteurs, 2 lignes d’arbre.
La même vedette est attendue en septembre prochain, construite sur le même plan par le chantier breton SIBIRIL.

Ce qu’elle aime dans ce métier : le fait de travailler en mer, tout en ayant une vie régulière à terre, ce qui lui permet de profiter de son petit garçon de 8 mois. Elle évoque l’équipe, l’entraide si nécessaire et la bienveillance des autres personnels portuaires (lamaneurs, agents et officiers de ports). Elle s’interroge pour savoir si cette aide est liée au fait qu’elle est une femme... Réflexion faite, non, il s’agit de gestes simples de soutien, entre marins, entre professionnels d’un même site qui s’apprécient pour leurs compétences respectives. Céline souligne la qualité de ce cadre de travail, la relation avec les Pilotes maritimes dont les personnalités et habitudes de travail diffèrent, ce qui offre une diversité de situations dans un cadre organisé, et la beauté des paysages marins qu’elle connaît par cœur, sans en être jamais lassée.

Crédit photo : Thierry Rambaud

Des moments forts lui viennent en mémoire, des creux importants, par mer formée où la pilotine s’engouffre violemment et la désagréable sensation d’une goutte de sueur qui dévale le long de sa colonne vertébrale, mais aussi l’émotion de la présence de globicéphales autour du navire et la beauté toujours renouvelée de couchers ou levers de soleil qui soulignent l’infini.

Le service de pilotage est assuré à toute heure, par quasiment toutes les météos.

Ce marin-femme a les pieds sur terre, en la voyant on pense solidité, fiabilité, sécurité. On se dit que l’on partirait sans peine en mer, là, dans l’instant, en la laissant manœuvrer, en parfaite assurance. Femme de mer, elle est également très attachée à la terre que travaille son mari, agriculteur. Ils élèvent 4 chevaux qui vivent en extérieur et leur offrent le plaisir de balades tranquilles. La mer comme cadre de travail, la terre comme lieu de repos familial et de loisirs... Céline illustre le fait que les métiers de la mer n’obligent pas à l’exclusive.

Parole de Pilote
Interrogé sur le recrutement de Céline Briand en qualité de patron-mécanicien, Jean-Pierre Hemon, Président de la Station de Pilotage de La Rochelle indique qu’aucune hésitation ne s’est posée lors de son recrutement, qu’elle s’est très vite intégrée dans l’équipe par son professionnalisme et qu’elle est également appréciée pour sa constante bonne humeur. Au total la station compte 8 pilotes, 7 patron-mécaniciens, 1 secrétaire-standardiste et 1 comptable.

Que conseillerait-elle à quelqu’un qui voudrait faire ce métier très recherché par les marins ?

De profiter d’abord du voyage, des longues routes et des paysages nouveaux que permet l’activité de navigant, puis de savourer la régularité qu’offre cette activité de patron-mécanicien dans un 2e temps professionnel, attaché à un port où le souffle du large est apporté par les pétroliers, vraquiers, porte-containers ou bateaux de croisière qui arrivent quotidiennement d’horizons multiples.
A la question de la place d’une femme au sein d’une équipe de patrons-mécaniciens, elle répond que « l’égalité est la règle en matière de rémunération chez les marins car leur salaire est fonction de leur titre professionnel » et que même si elle s’est sentie « challengée » par certains de ses collègues à son arrivée, elle ne considère pas le fait d’être une femme comme un atout/inconvénient particulier. Elle s’arrête puis sourit en se rappelant à cet instant que les équipages des navires de commerce qui l’aperçoivent à la barre de la pilotine sont toujours enthousiastes en remarquant qu’elle est une femme et la gratifient de beaux sourires qui l’amusent et lui rappellent qu’elle est un marin comme les autres, à même cependant de créer parfois un petit effet de surprise.

Leslie Widmann Odyssée Développement La Rochelle

A propos : Le Grand Port Maritime de La Rochelle est le 6e Port français avec 6 terminaux (276 ha de domaine terrestre), 4 475 m de quais reliés au réseau ferré national.
Les îles de Ré et Oléron confèrent aux navires un accès protégé et rapide (45 minutes de pilotage).
Avec un trafic total 2018 de 9,6 millions de tonnes, dont 3,9 de céréales, 2,9 de produits pétroliers raffinés, 870 000 tonnes de produits forestiers et 780 000 tonnes de vracs agricoles, Port Atlantique La Rochelle est le 1er port français pour l’importation de produits forestiers et de pâte à papier et le 2e port français pour l’exportation des céréales.
www.larochelle.port.fr

Retrouvez l’intégralité de cet article dans notre magazine de l’été : (cliquez sur la couverture pour en savoir plus)



Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?

Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.