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Tourisme 6 mai 2020

Tourisme, le regard aiguisé de Dominique Hummel

Dominique Hummel, expert touristique bien connu dans la région, nous donne son ressenti et partage quelques idées sur le secteur du tourisme actuel et à venir.

Certes « la situation est aujourd’hui très délicate et pour que l’avenir soit à nouveau porteur il faut que le présent ne soit pas trop assassin ». Au-delà d’un bilan économique qui s’annonce très lourd pour ce secteur qui compte pour 9 % du PIB, cette crise sanitaire et le confinement qui l’accompagne nous ont enseigné selon Dominique Hummel que « le tourisme correspond à un vrai besoin de société, de contact, d’échange, de rupture avec le quotidien. Il porte des éléments de civilisation. Le loisir nous construit autant que le travail ». Ce qui en fait pour « la première fois un enjeu national  » et pose également la question du tourisme social. « La moitié des français ne partent pas en vacances » rappelle-t-il.

Un impérieux besoin de sécurité

La priorité est d’accompagner le secteur du tourisme pour limiter les dommages. « Selon que l’été sera plus ou moins meurtrier, les troupes ne seront pas les mêmes pour attaquer le post-covid » prévient Dominique Hummel. « Beaucoup d’acteurs du tourisme ont des ressorts en eux mais leur capacité à rebondir doit être aidée. » Il se félicite des mesures prises par le gouvernement - report de charges, accès aux prêts - mais souhaiterait aussi « des aides à la relance sur leurs fonds propres ». Il suggère que les entreprises, dont beaucoup vont arrêter leurs comptes à la fin de ce trimestre, puissent déduire leurs pertes 2020 des résultats de 2019 « pour disposer de ressources pour repartir ». Repartir en intégrant une dimension nouvelle, « le principe de précaution prévaudra au-delà du Covid. »

En effet, selon Dominique Hummel, le besoin de sécurité, niveau 2 de la pyramide de Maslow, redevient essentiel et perdurera. « La confiance, mot clé, va de pair avec la décongestion. Les touristes attendent une moindre densité. » Un des défis pour les acteurs touristiques va être de diluer les trafics dans le temps et l’espace en menant notamment une « réflexion sur l’hyper-saisonnalité, ce qui renvoie à de nouveaux codes sociaux dans notre rapport au temps ». Pour ce qui est de diluer dans l’espace, il va être question de donner de l’attractivité à de nouveaux territoires.

Bassins de lumières - Culturespaces

Les atouts de la Nouvelle-Aquitaine à exploiter

Dans ce contexte de besoin de sécurité, notre région dispose de précieux atouts naturels « de longues plages, un arrière pays très diversifié, un tourisme urbain relativement peu dense ». Il s’agira de tirer profit de ces avantages. « En région l’envie majoritaire de vacances reste à 75 % la mer et le soleil. Se pose la question du tourisme balnéaire et des dispositifs d’accueil qui devront s’adapter  ». En parallèle, il s’agira de travailler l’attractivité de l’arrière-pays en réponse à des demandes émergentes. « Un tiers des français veulent être acteurs de changement par leurs actes de consommation. Consommer moins mais mieux, être plus authentique, moins bouger ». Pour que cette primeur à la proximité se vérifie sur le terrain il faudra « savoir faire d’une adresse une promesse. On ne choisit pas en effet une destination pour aller quelque part mais pour y faire quelque chose ». L’enjeu va consister à « faire rêver de chez soi, raconter la destination, en promettant convivialité, rencontres, curiosités, partage... Il y a là une réflexion intéressante pour l’avenir ! ».
Cette quête d’authenticité, se traduit aussi par une recherche d’émotion. « Le succès rencontré par les ateliers de lumières de Paris et des Baux-de-Provence est de bon augure pour la création des Bassins de lumières de Bordeaux. Un parcours de lumières est également en préparation à Rochefort. Cette forme d’art et de culture populaire offre des espaces peu confinés pour des expériences contemplatives et oniriques immersives ». Dominique Hummel est persuadé que « ces nouvelles propositions d’expériences qui font appel à l’émotion préfigurent le développement touristique de demain ».
Pour être fertile, le terreau de développement touristique devra intégrer d’une part les nouveaux besoins d’espace et d’autre part des promesses d’émotions. Pour y parvenir, l’ensemble des acteurs du tourisme devront structurer, organiser et rendre visible cette offre. Un sacré défi à relever !

Propos recueillis par Sophie Guitonneau



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