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Entreprises 2 décembre 2016

Pêche professionnelle : le regard d’un jeune patron de 18 ans

Investissement dans un navire de pêche professionnelle : le regard d’un jeune patron de 18 ans basé à La Cotinière, Ile d’Oléron : Antoine Richard, Major de sa promotion au Bac pro et Meilleur Ouvrier de France. Par Leslie Widmann, responsable du Bureau d’études Odyssée Développement à La Rochelle (www.odysseedev.com).

"Antoine, vous êtes issu d’une famille de pêcheurs qui se succède à la barre des navires artisans familiaux depuis 6 générations, est-ce pour cette raison que vous faites ce métier aujourd’hui ?
C’est d’abord ma famille qui m’a transmis sa passion, lorsque j’étais enfant mon grand-père, et aujourd’hui mon père. Ils m’ont transmis l’amour du métier et désormais je veux en faire ma vie, mon métier et j’espère plus tard transmettre à mes enfants, mes petits-enfants l’amour de ce métier que l’on m’a appris. Dès le début, dès 10 ou 11 ans, mon grand-père prenait le temps de m’expliquer différentes facettes du métier d’hier et aujourd’hui et cela a été déterminant dans mon choix d’avenir.

Jamais le métier si jeune ne vous a découragé ?
Je ne dirais pas qu’il n’y a pas eu de difficultés. Enfant j’avais le mal de mer, à la longue ça passe. Il arrivait qu’en mer, mal à l’aise, je me suis dit « plus jamais » et à peine arrivé à terre, en fait on oublie tout et le lendemain, c’est reparti !

Lors de la 12e édition des Assises de la Mer, à La Rochelle le 9 novembre dernier, vous avez été invité à témoigner sur les attentes d’un jeune patron sur l’avenir de la pêche, que retenez-vous de cette manifestation réunissant plus de 1500 décideurs du monde maritime français ?
C’était une journée très intéressante car cela m’a permis une ouverture à d’autres choses que la pêche ; en effet, dans notre métier on pense que la mer ce n’est que la pêche or là, j’ai pu voir l’importance de la politique maritime au niveau français et européen, prendre conscience de l’existence d’autres secteurs que l’on devine, mais que l’on ne connait pas vraiment, le transport, le nautisme, les énergies marines renouvelables…
J’ai pu rencontrer des personnes très intéressantes du milieu maritime de la pêche en France et cela me fait penser que ces personnes peuvent faire bouger les choses alors que nous à La Cotinière on ne pèse pas. Il faut s’appuyer sur eux pour faire bouger les choses et leur faire comprendre les projets des jeunes marins pêcheurs pour lever les blocages. On sent que ce sont les personnes qui sont au contact des décideurs et qui peuvent faire bouger les lignes ce qui est difficile de faire à partir d’un petit port de pêche comme La Cotinière.

Et votre projet, quel est-il ?
Mon projet serait de faire un bateau neuf pour me mettre à mon compte. Un bateau polyvalent de moins de 12 mètres qui serait plus confortable que ceux existants, moins dépensier en énergie. Car le métier de marin a évolué, les équipages veulent se sentir en sécurité à bord, avoir du confort.
Le bateau de demain doit être un bateau de pêche durable, permettant de faire de la qualité à bord pour mieux répondre à l’attente des consommateurs et mieux valoriser mon produit.
Ce projet est partagé par de nombreux jeunes à la Cotinière, port artisan qui a la chance aujourd’hui d’avoir un renouvellement des équipages et des jeunes qui s’investissent. C’est aussi leur cause que j’ai défendue en participant à la Table Ronde sur l’avenir de la pêche aux Assises de la Mer.

Quels sont les freins ? sont-ils financiers ? techniques ?
Le problème n’est pas que financier ; c’est surtout une difficulté sur les réglementations et les droits de pêche car pour sortir en mer il faut désormais avoir, en plus du navire professionnel, une puissance motrice suffisante et des droits de pêche (quota) correspondant aux espèces ciblées. Sans cela, le plus beau des bateaux reste le long du quai.

Lors des Assises vous avez parlé d’un bateau connecté ; que vouliez vous dire ?
Pour moi, un bateau connecté doit réunir toutes les technologies disponibles (satellitaires, internet), avec de meilleures communications avec la terre pour informer nos clients, les mareyeurs, de façon précise de nos débarquements et que cette anticipation puisse servir aux consommateurs pour préparer leurs achats en fonction de la saisonnalité de nos pêches et des volumes disponibles.
Un bateau connecté, c’est un bateau qui n’a rien à cacher, qui communique en permanence sur son travail, sa zone de pêche, ses captures, …
Un bateau connecté n’aurait plus 50 000 appareils dans la passerelle mais une seule tablette avec un grand écran, facile d’utilisation et que chaque matelot puisse y avoir accès. La complexité des appareils actuels limite leur utilisation au patron et aux gens formés."

LW.



  • Philippe BRULE
    3 décembre 2016, 20:06

    Sans remettre en cause les compétences , le courage et l’intelligence de ce jeune patron pêcheur , la vraie question qu’il n’aborde pas et qui se pose pour tous ceux qui s’intéressent à la mer : l’effondrement à très court terme de la ressource( en raison de la surpêche et de la pollution )sans parler , car c’est encore un autre sujet ,de la perte de biodiversité ; c’est un véritable drame qui se joue sous nos yeux, car ce sera aussi , la fin de l’humanité .

  • bellarmain
    7 décembre 2016, 10:08

    bjr
    très ravis pour votre courage , vas toujours de l’avant afin d’accomplir votre objectif, en cela je voudrai demander si vous avez des formation a faire pour ceux qui s’intéresse a la mer et a la pêche comme leurs profession.si cela est possible envoi moi les coordonnées.

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