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Territoires 26 mai 2008

Les mutations du monde rural : synthèse issue du colloque du 30 avril 2008

Organisée conjointement par la Communauté de communes du Confolentais et par l’Espace Mendès-France, avec le soutien du Conseil régional et de l’ Etat, la journée-débat consacrée aux « Mutations du monde rural » qui s’est tenue, le mercredi 30 avril dernier, à Confolens, au siège de la Communauté de communes, a connu un grand succès.

C’est dans le cadre de son Programme d’action régionale « Science, innovation et territoires » que l’Espace Mendès-France, inaugurait, avec cette première journée, un cycle de conférences, d’animations et de débats consacrés aux changements que connaît ou que devra affronter le monde rural au cours des prochaines décennies.

Pour cela, dans l’esprit du Programme, trois temps d’analyse et de débat étaient proposés lors de ces rencontres :
- bilan et perspectives du monde rural aujourd’hui
- décalages entre les perceptions du monde rural et les réalités de terrain
- formulation des sujets intéressant les différents acteurs du monde demain.

Introduits par Pascal CHAUCHEFOIN, animés par Christian LEMAIGNAN, Jean-Pierre MICHEL et Pierre PEROT et placés sous la présidence de Madeleine NGOMBET, Conseillère régionale, et de Guy TRAUMAT, Président de la Communauté de communes du Confolentais, ces travaux ont réuni plus d’une centaine de participants (élus régionaux et locaux, professionnels du monde agricole, enseignants, universitaires, techniciens du monde rural …) pour un premier panorama du monde rural et des activités agricoles de Poitou-Charentes.

S’en est suivi un échange d’expériences en matière de développement économique et d’organisation sociale et politique des territoires et pour quelques perspectives sur le devenir des territoires ruraux de plus en plus soumis, dans notre région comme dans les autres, à la pression du développement urbain.

Le monde rural a changé depuis 60 ans. Ces changements peuvent être mesurés dans trois grands domaines :
- les modes de production ,
- l’évolution démographique ,
- la vie sociale, culturelle ou de loisir.

Ces trois catégories de mutations affectent indéniablement les sociétés rurales : les agriculteurs occupent certes encore la majeure partie de l’espace rural mais ne sont plus majoritaires dans la population active. S’ils en sont toujours les gardiens attentifs ils n’en sont plus les usagers principaux, tout en demeurant les référents de cet espace.

7 constats ont pu être mis en avant :

- la tendance à la concentration des exploitations qui, depuis déjà plusieurs décennies, pose les questions de démographie rurale (diminution des travaux collectifs, diminution du nombre des habitants dans les petites communes, absence des enfants), mais pose aussi pour l’avenir la question des énergies nécessaires pour ces exploitations mécanisées et surtout la question de la raréfaction et de la gestion de l’eau.

- la tendance à la diversification (qui suppose une grande flexibilité : légumes, horticulture, tourisme, aquaculture, héliciculture, …), à la qualité des productions (AOC, Label rouge, IGP, Saveurs du Poitou-Charentes …) ou au développement de l’agriculture biologique (450 exploitations). Une tendance qui peut permettre à la région Poitou-Charentes de minimiser les risques de marché, sauf, peut-être en ce qui concerne les « aventures » liées aux bio - carburants (32% des terres cultivées sont consacrées aux grandes cultures, 25% à l’élevage, 16% à la viticulture et 27% à la polyculture et à l’élevage).

- la transmission des exploitations (30% des chefs d’exploitation doivent partir à la retraite d’ici 10 ans) marquée par la difficulté de l’accès au foncier et par les enjeux de gestion d’une exploitation « flexible ». Toutefois, la possibilité de se regrouper aide à surmonter ces obstacles car, en même temps que la concentration, se sont développées de nouvelles formes d’exploitation : les GAEC (25% des exploitations), les EARL, les groupements d’employeurs…

- le projet de vie de l’agriculteur contemporain doit aujourd’hui résulter d’un arbitrage entre le projet patrimonial, le projet technologique (assistance mécanique, choix agronomiques ….) et le projet d’exploitation du chef d’entreprise. Avec, ici, une diversité de comportements, de l’ingénieur producteur qui vend sa matière première à un grand groupe, d’une part, à l’exploitant agricole qui vend directement sur le marché (ou par l’intermédiaire des AMAP en plein développement), d’autre part.

- le développement d’un partenariat innovant entre les intercommunalités et les agriculteurs ( projets Leader, projets d’équipement comme les abattoirs, …) ou entre les intercommunalités et les habitants : place des jeunes, accueil des nouveaux habitants, arrivée de retraités (économie résidentielle) .

- le développement d’une capacité à gérer les ruptures et à faire partager des vécus diachroniques (entre les années 1950 et les années 2010) entre tradition et modernité : de l’agriculteur à l’agriculteur-ouvrier, à l’agriculteur gestionnaire de l’environnement (paysage, entrants ,…), à l’agro-business (intensité capitalistique croissante), au développement des industries agro-alimentaires….. Les territoires portent aujourd’hui un monde rural exigeant en termes de services, d’authenticité, d’accès à la culture, de rencontres ou de nouveaux métiers.

- enfin, le monde rural est devenu un espace de médiation, au sein des « Pays » et/ou des intercommunalités, un espace qui favorise les apprentissages nécessaires, les expertises partagées, le développement d’une histoire collective et d’une narrativité qui participent à la construction d’une nouvelle image de cette mosaïque culturelle. C’est le développement d’une nouvelle identité fondée non plus seulement sur un rapport au terroir mais également sur un rapport à la nature et, peut-être, à un nouvel humanisme.

En conclusion, les rencontres de Confolens ont apporté la confirmation que la société rurale est en mouvement, que de nouvelles stratégies sont mises en œuvre par ses acteurs, que les activités qu’elles induisent sont plurielles (agriculture, artisanat, tourisme, services….) et que, donc, nos « variables d’ajustement » sont bousculées.
Non au « village entrepôt », oui au réseau de Pays, oui à la communauté de vie, oui à la citoyenneté « localisée ».
Et des expériences présentées, des projets soutenus, des « mutations du monde rural » mises en évidence, retenons aussi que le changement doit être conduit et vécu dans la durée.

Pour en savoir plus sur l’espace Mendes France : http://maison-des-sciences.org

A noter également que le journal n°5 du Petit économiste, consacré à l’avenir de l’agriculture dans la région est en vente chez votre marchand de journaux jusqu’au 15 juin. Au delà, vous pourrez le commander pour 3 euros via le formulaire de contact.



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