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Actualités 7 février 2019

Fonderies du Poitou, quel avenir ?

Les salariés des Fonderies du Poitou à Ingrandes dans la Vienne étaient mobilisés ce mardi et ils le seront encore à partir de ce jeudi soir pour 24 heures avec un déplacement au tribunal de commerce de Poitiers demain vendredi. Près de 800 emplois directs sont en jeu sur ce site industriel spécialisé dans la fabrication de carters pour l’automobile et essentiellement pour Renault, le donneur d’ordre historique.
Deux entités se côtoient sur un même site depuis une scission intervenue en 2002 : la Fonderie du Poitou Fonte, qui emploie 408 salariés et vient donc de déposer le bilan ce lundi 4 février et la Fonderie aluminium (Saint Jean Industries), en redressement judiciaire depuis novembre 2018 (tribunal de commerce de Lyon) avec 340 salariés.
Pour cette dernière entité, une seule offre de reprise a été formulée par l’anglais Liberty House. 125 emplois sur les 340 de l’usine seraient alors supprimés d’après cette première proposition. Le délai pour permettre de recevoir d’autres offres de reprise a donc été prolongé.

Le contexte est difficile car les deux usines n’ont pas bénéficié des investissements qui auraient été nécessaires pour répondre à la mutation du secteur automobile ces dernières années. L’outil de travail est donc vieillissant et ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros qu’il faudrait mobiliser pour prendre le virage de cette mutation et se projeter vers un avenir plus apaisé.
Le Ministre de l’économie Bruno Le maire avait promis de mobiliser les aides de l’Etat, la Région Nouvelle-Aquitaine a voté un soutien de 2,9 millions d’euros pour la Fonderie du Poitou Fonte en novembre dernier (une subvention d’investissement d’1,2 million d’euros et un prêt public de 1,7 million d’euros). Encore faut-il qu’un repreneur solide se manifeste. Renault a également été invitée, en tant que principal donneur d’ordre, à reprendre le site ou du moins à tenir un engagement sur un volume de commandes assurant la pérennité du site.

Les délégués syndicaux CGT des deux fonderies font front commun

Pour les délégués syndicaux CGT "Liberty est un spécialiste de l’aluminium qui cherche des fonderies pour écouler ses barres d’aluminium. Nous on ne fait que de la fonte. Liberty veut bien nous reprendre mais sous conditions que Renault s’engage à passer suffisamment de commandes. Aujourd’hui, nous sommes en cessation de paiement et demain certainement en redressement judiciaire. On a 3 semaines pour trouver un repreneur alors que la Fonderie Alu a eu 3 mois. Ils vont faire en sorte que les deux calendriers se recoupent pour une date butoir commune au 19 mars. Renault a indiqué qu’ils voudraient une offre globale sur les deux sites. En gros, ils disent aux repreneurs que s’ils veulent acheter l’alu, il faut acheter aussi la fonte. Rien que pour l’alu, il faudrait 20 millions d’euros d’investissements, autant de l’autre côté. Aujourd’hui, il nous faut 800000 pièces d’aluminium par an pour faire tourner l’usine. L’offre Liberty ne sauvegarderait que 215 emplois sur 340. Nous avons été payés jusqu’à fin janvier mais Renault a suspendu ses commandes, nous sommes donc en sursis. Renault, c’est 95% des commandes pour la fonte et 65% pour l’alu qui travaille aussi pour Fiat et Suzuki. Le souci c’est qu’aujourd’hui nous n’avons aucune information."

Le souhait des salariés semble se porter sur une reprise des deux sites par Renault. Déjà lourdement touché par la crise automobile de 2008, le bassin châtelleraudais, dont l’industrie a su se remobiliser, notamment grâce au secteur aéronautique, craint une issue fatale pour ce site emblématique. Dans un communiqué en date du 4 février, le maire, président de la Communauté d’agglomération, Jean-Pierre Abelin, enjoint le Ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à venir sur place et à mobiliser ses services pour un "vrai plan d’accompagnement social et économique pour le territoire."
Interrogé par le Petit économiste, le Ministère n’a pas apporté de réponse à cette demande. Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, de son côté, a déclaré œuvrer, en toute discrétion, à trouver une issue satisfaisante.

CR

Les salariés des fonderies sont venus manifester à Châtellerault devant le centre de formation Renault ce mardi 5 février


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