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Avis d’experts 13 octobre 2008

Crise financière : causes et mécanismes, James Lay, responsable du Love Money Café de Poitiers nous éclaire

Nous vivons une crise financière née de la multiplication d’outils financiers de plus en plus sophistiqués, créés au départ comme des outils de couverture, mais malheureusement transformés en produits hyper spéculatifs ( les SUBPRIMES sont la dernière ingéniosité).

Ces produits dérivés sont apparus en France à partir de 1986, sur le modèle des bourses de commerce.

L’effet de levier de ces produits se retourne aujourd’hui contre l’ensemble des actifs financiers, économiques, totalement globalisés sur la planète.

L’encours de l’ensemble des produits dérivés financiers aujourd’hui serait 20 fois plus élevé que le total de la richesse produite chaque année par l’économie mondiale.

Aujourd’hui, la bulle éclate.

Exemple pratique issu d’un forum boursier

"Crise des subprimes : une explication très simple pour ceux qui essayent encore de comprendre
Alors voilà, Mme Ginette a une buvette à B...., dans le Pas de Calais. (une filiale du Love money café)

Pour augmenter ses ventes, elle décide de faire crédit à ses fidèles clients, tous alcooliques, presque tous au chômage de longue durée. Vu qu’elle vend à crédit, Mme. Ginette voit augmenter sa fréquentation et, en plus, peut augmenter un peu les prix de base du "calva" et du ballon de rouge.

Le jeune et dynamique directeur de l’agence bancaire locale, quant à lui, pense que les "ardoises" du troquet constituent, après tout, des actifs recouvrables, et commence à faire crédit à Mme. Ginette, ayant les dettes des ivrognes comme garantie.

Au siège de la banque, des traders avisés transforment ces actifs recouvrables en CDO, CMO, SICAV, SAMU, OVNI, SOS et autres sigles financiers.

Ces instruments financiers servent ensuite de levier au marché et conduisent, au NYSE, à la City de Londres, au Bourses de Francfort et de Paris, etc., à des opérations de dérivés dont les garanties sont totalement inconnues de tous (c.à.d., les ardoises des clients de Mme Ginette).

Ces "dérivés" sont alors négociés pendant des années comme s’il s’agissait de titres très solides et sérieux sur les marchés financiers de 80 pays.

Jusqu’au jour où quelqu’un se rend compte que les clients du troquet de Mme Ginette n’ont pas un rond pour payer leurs dettes. La buvette fait faillite et le monde entier boit la tasse !"

Illustration chiffrée

Pour mieux comprendre l’effet de levier de ces outils, prenons l’exemple d’un « investissement » en cours sur un contrat de CAC 40 où 1 euro va vous permettre d’être vendeur sur 256 euros !!! Un « futures » CAC 40 permet d’acheter (pour jouer la hausse) ou de vendre (pour jouer la baisse) une quotité de l’indice (3200 le 10/10/2008) sachant que chaque point d’indice est affecté d’une valeur de 10€ .La valeur du contrat est donc le 10 octobre de 32 000€

Le Jeudi 2 Octobre, avec 2 250€ de déposit (couverture, caution, …), vous vendez un contrat à terme (FUTURES) sur le CAC 40, coté 4100 points.

8 jours après (le 10 octobre), grâce aux profits journaliers successifs, du fait de la baisse du CAC 40, (coté 3200) vous êtes positionnés sur 576 000€ de valeurs françaises qui ont été REELLEMENT vendues en bourse « GRACE » à vos 2 250€ de départ qui ont été transformés à la suite des profits quotidiens par 18 contrats à la baisse.

EFFET DE LEVIER : 576 000 : 2 250 = 256 !!!

- Jeudi 2 Octobre : vente d’un contrat Futures CAC 40 à 4 100,
- Vendredi : CAC 40 : 3 870
- Gain = 4100 – 3870 = 230 points x 10 euros = 2 300€ réinvestis dans un 2ème contrat à la baisse

- Lundi : CAC à 3 750
- Gain : 3 870 – 3 750 = 120 x 2 x 10 = 2 400€

On vend un 3ème contrat :
- Mardi 7 : le CAC à 3 680
- Gain : 3 750 – 3 680 = 70 x 3 x 10 = 2 100

Vente d’un 4ème contrat :
- Mercredi : le CAC à 3 500
- Gain : 3 680 – 3 500 = 180 x 4 x10 = 7 200

Vente de 3 nouveaux contrats :
- Jeudi 9 : CAC 40 à 3 400
Gain : 3 500 – 3 400 = 100 x 7 x 10 = 7 000

Vente de 3 nouveaux contrats
- Vendredi 10 : CAC à 3 200
Gain : 3 400 – 3 200 = 200 x 10 x 10 = 20 000€

Vente de 8 nouveaux contrats avec les 20 000 derniers euros de gains latents et 10 jours après votre investissement de 2 250€, vous voici positionnés sur 18 contrats de CAC 40 à 3 200 points, soit 18 x 3 200 x 10 = 576 000€.

Le lundi 13 octobre si l’opération est débouclée (on rachète la position vendeur) et l’investisseur aura gagné approximativement 18 x 2250 = 40500€ (puisqu’il a systématiquement réinvesti ses gains ).

En revanche s’il conserve ses positions à la baisse et que par exemple le marché remonte dès l’ouverture de 10%, il perd 10% de 576 000€ soit 57 600€ moins les 40 500€ de déposit = 17 100€

Avec un tel exemple on comprend peut être mieux comment les hausses entrainent les hausses (des bulles financières) ou, à contrario, les baisses entrainent les baisses, comme actuellement (la descente aux abîmes).

La « Finance » bien utilisée contribue environ à hauteur de 8% du P.I.B ; elle peut en revanche, lorsqu’elle échappe à toute régulation, contribuer à précipiter une crise financière en crise économique : perte de confiance, restrictions des crédits bancaires, faillites d’entreprises, chômage, déficits publics, récession ….

James LAY, chargé de cours à L’ISEME de L’ESCEM : « Les marchés financiers »

www.lovemoneycafe.fr
tel : 05.49.41.04.33

En savoir plus sur James Lay, bien connu des poitevins pour ses actions en faveur de l’entrepreneuriat

Depuis 2000 : Développement du Love Money Café, réseau social (économie et social). Commerce qui rassemble des personnalités du monde de l’entreprise et de la vie économique et sociale, avec des rendez-vous autour de « l’esprit d’entreprendre » : les apéros de l’économie et de la vie locale, les Mardinoustoo, le bistrot du curé pour l’emploi, les rencontres chefs d’entreprise/créateurs d’entreprise, des cafés politiques, des rendez-vous sportifs...

Mais il est aussi :
- l’un des Fondateurs de l’Association du Marathon Poitiers-Futuroscope : 3000 participants en 2008 avec un budget de 150 000€
- a été de 1997 à 2002 vacataire à SUP DE CO POITIERS pour un cours sur les marchés financiers aux majeurs finances et aux premières années.
- en 1996 il crée l’Association Love Money Pour l’Emploi, reconnue d’utilité publique par le Ministère de l’Economie et des Finances (www.love-money.org)
- de 1990 à 1996, il est intervenant extérieur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Poitiers. Thème du cours : problèmes financiers contemporains
- de 1988 à 1996 : Salarié d’Agent de Change, puis de Société de Bourse
- Docteur (3ème cycle) à la Faculté de Droit de Poitiers (mention TB avec félicitations du jury). Thèse sur « La bourse et les mécanismes de financement des PME-PMI »
- de 1982 à 1987 il a été enseignant à l’Ecole de Commerce Moreau à Poitiers



  • James
    17 octobre 2008, 11:22

    Vente à découvert (ou VAD) (selling short / short sale / sell short)

    Vente d’actions que l’on ne détient pas en portefeuille dans le but de les racheter plus tard à un prix inférieur.
    La VAD est pratiquée en France via le Service de Règlement Différé. mais aussi sur le MATIF (contrat à terme sur le CAC 40 : Les FUTURES) et le MONEP

    Attention toutefois. Alors que vous connaissez votre perte maximale potentielle lors d’un achat de titres, la vente à découvert est potentiellement plus risquée. La valeur peut en effet s’envoler ay grand dam de votre portefeuille.

    L’origine des ventes à découvert provient des Bourses de marchandises pour permettre de vendre des produits par exemple bien avant une récolte pour se couvrir d’une éventuelle baisse .
    Aujourd’hui utilisé essentiellement à titre spéculatif plus qu’en couverture !

  • 31 octobre 2008, 12:46

    CRISE FINANCIERE par james LAY

    Autant "l’exemple pratique" semble simpliste autant "l’illustration chiffrée" restera sans doute bien obscure pour la majorité des lecteurs.
    En revanche le paragraphe "COMMENTAIRES"
    décrit assez bien le mécanisme de spéculation à la baisse.
    L’actualité nous en a d’ailleurs donné ces derniers jours une magnifique illustration à propos des titres Volkswagen. En l’occurence ce sont les spéculateurs (fonds de pension) qui ont été pris à leur propre manipulation.
    Le titre s’est en effet, heureusement pour le groupe industriel, fort bien relevé, en partie grace à ceux qui avaient parié sur son effondrement.
    Un peu de morale dans la finance en quelque sorte.

    DOISY

  • 31 octobre 2008, 12:59

    CRISE FINANCIERE par james LAY

    Autant "l’exemple pratique" semble simpliste autant "l’illustration chiffrée" restera sans doute bien obscure pour la majorité des lecteurs.

    En revanche le paragraphe consacré aux ventes à découvert de la rubrique "COMMENTAIRES" décrit très bien le mécanisme de spéculation à la baisse.

    L’actualité nous en a d’ailleurs donné ces derniers jours une magnifique illustration à propos des titres Volkswagen. En l’occurence ce sont les spéculateurs (fonds de pension probablement) qui ont été pris à leur propre manipulation.
    Le titre s’est en effet, heureusement pour le groupe industriel, fort bien relevé, en partie grace à ceux qui avaient parié sur son effondrement.
    Un peu de morale dans la finance en quelque sorte.

    DOISY

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