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Actualités 2 juillet 2009

Crise du lait : "les coopératives laitières n’ont pas suffisamment innové"

Les agriculteurs producteurs de lait ont à nouveau manifesté leur mécontentement, notamment à Niort ce mercredi devant les locaux de la MSA.

Philippe Coutant, porte parole régional de la Confédération paysanne explique "nous sommes décidés à maintenir le mouvement car il y a urgence : un accord interprofessionnel a été signé à la veille des élections européennes ; il fixe le prix d’achat minimum aux producteurs à environ 270 € les 1000 litres. Or, on constate que le prix actuel se situe entre 210 et 250 € ; sachant que pour les paysans, le prix de revient par tonne est de 300 à 320 €.

Je connais deux couples qui sont installés ; ils perçoivent plus de 100000 € de primes par an au titre de la PAC et malgré les 650000 de lait produits, ils viennent de déposer un dossier pour bénéficier du RSA. Il y a urgence à venir en aide à ces personnes qui travaillent à perte.
"

Les raisons de la baisse des cours : Philippe Coutant les attribue au démantèlement des quotas laitiers depuis 2 ans "les marchés du beurre et du lait en poudre étaient soit disant porteurs, alors les quotas ont été un peu libérés. Le lait en poudre expédié en Afrique était prometteur - une grossière erreur quand on sait que le lait en poudre doit être dilué dans de l’eau souvent porteuse de microbes ou rare dans ces pays- Ensuite, on a eu ce problème en Chine avec la Mélamine. Du jour au lendemain, la Chine a arrêté ses importations. On s’est retrouvés avec trop de stocks et comme Bruxelles ne stocke plus, les cours ont baissé, les entreprises ayant fait le plein."

Le bio, une filière d’avenir

Philippe Coutant est lui-même producteur de lait, mais il a choisi le bio, ce qui lui permet de vendre sa production 450 € les 1000 litres. Par contre, ce lait est vendu en Bretagne pour y être transformé.

Une filière qui, d’après lui, a un potentiel important : "il faut rapprocher les producteurs des consommateurs. Prenons l’exemple de Danone qui a ouvert un site web sous la marque des 2 vaches. C’est un site où les consommateurs peuvent parrainer des vaches et ainsi suivre la production de lait chez le paysan. Et bien le site nous a contactés il y a peu de temps car ils manquent de vaches et de fermiers bio !

Dans la région, 85% du lait est transformé en beurre et en poudre. Aucune démarche novatrice n’a été conduite ces dernières années par les Coopératives laitières de la région. Aucun travail sur la recherche de nouveaux produits, de nouvelles filières n’a été mené. Jean Pierre Raffarin est Président de l’Association des coopératives laitières depuis 20 ans, mais rien ne bouge. Le secteur privé, lui, innove. Le lait que je vends en Bretagne, je préfèrerais qu’il soit transformé dans la région, ne serait-ce que pour une logique de développement durable, à l’heure où on parle de la taxe carbone sur les déplacements !"

Mener une réflexion globale en privilégiant l’aspect local

Pour Philippe Coutant, le seul moyen de rétablir une situation saine pour les producteurs est, dans l’immédiat, de baisser la production de 10 à 15%.

"Il faudra une révolution culturelle chez les paysans, car trop peu de producteurs = plus de collecte de lait. Dans les années 83-84, on comptait 7000 producteurs en Poitou-Charentes ; aujourd’hui, on vient de passer en dessous des 1000. A l’échelle européenne, 200 exploitations disparaissent chaque jour. L’agriculture est une cause internationale, il faut la sortir des logiques du commerce international. Nous voulons une réflexion globale sur la politique agricole à long terme avec l’ensemble des acteurs. La PAC c’est 40% du budget de l’Europe, l’enjeu est énorme et le débat doit aussi associer les consommateurs.

Le 14 juillet, c’est la rentrée politique des députés européens ; nous y serons, mais avant nous allons conduire une caravane avec des vaches. Nous sommes à un tournant historique, il y a urgence à changer les règles du jeu ."

A noter que lors de l’Assemblée de l’association centrale des laiteries coopératives le 15 juin, le Préfet de Région, Bernard Tomasini, a annoncé la création prochaine d’un observatoire régional de l’économie agricole ; le 1er en France.

Dernière minute : Bruno LE MAIRE, Ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, a rencontré aujourd’hui 2 juillet à Stuttgart son homologue allemande Ilse AIGNER, Ministre fédérale de l’alimentation, de l’agriculture et de la protection des consommateurs.

Les ministres ont notamment adressé une lettre commune à la Commission européenne, pour que de nouvelles mesures européennes soient prises. «  De nouvelles formes de régulation à l’échelle européenne seront nécessaires pour que le secteur laitier ne dépende pas uniquement des seules règles du marché  ». Source site du Ministère.

CR.

Crédits photos manifestants : Eric Chauvet 06.80.60.28.08 ; dernière photo : vache : Sylvain Harrison 06.72.08.70.15



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